Lo real no son las cosas ni los acontecimientos ni los pensamientos, sino el hilo invisible, que los une.

PSYCHOSOPHIE

Investigations psycho-philosophiques sur la nature de l’être humain.

(Dunken, Bs.As. 2004)
The coverage of this book is an oil painting on canvas of the author.

PROLOGUE

Lecteur, voici un libre, travail original, riche en idées et en préceptes qu’il convient de prendre au sérieux pour le bien de chacun et de l’humanité en général. Il n’est pas aisé de dire le genre auquel il appartient, car il déborde les frontières habituelles des classifications scientifiques, littéraires, philosophiques et religieuses. S’il fallait l’inscrire dans une école ou une tradition philosophique, nous serions tentés de l’inclure dans les philosophies pérennes dont il possède la source d’inspiration et l’essentiel. Le livre a, par ailleurs, tous les éléments propres à une véritable philosophie. Ozan Lavoisier est un philosophe mystique. Son oeuvre, qu’il lui donne le nom de psychosophie, serait une science nouvelle et un art (au sens de technique), relié à la psychologie moderne, mais plus ample qu’elle par sa dimension transcendante, et beaucoup plus profonde que la psychanalyse parce qu’elle dévoile des plans et niveaux d’entendement ignorés par cette dernière.

Dans ces quelques pages, je m’efforcerai de passer en revue les thèmes de cet essai et de souligner les difficultés qui pourraient prendre le lecteur au dépourvu.

Le point de départ de cet essai est, d’une part, la perte des valeurs morales, esthétiques et religieuses dans les sociétés industrielles contemporaines, cause de la dépréciation de la vie et, d’autre part, l’expérience spirituelle propre à l’auteur, qui le pousse à critiquer l’idée d’un homme définitivement malade ou, tout au plus, adaptable à une société malsaine. Si le lecteur n’a pas perçu le désordre de la vie contemporaine, s’il croit que des palliatifs économiques ou psychologiques sont susceptibles d’en venir à but, sans doute la psychosophie ne lui sera d’aucun secours. La cassure n’est pas seulement entre un conscient et un inconscient. Les problèmes les plus graves de la civilisation contemporaine sont en rapport avec la perte de contact avec la Nature et avec l’Esprit universel.

La prise de conscience des désirs et des craintes injustifiées qui occupent et préoccupent l’être humain, est capitale, d’après l’auteur, car ce n’est qu’au-delà que débutera la voie vers la transcendance. Il est donc nécessaire que le lecteur ne se borne pas à lire, mais qu’il mette en pratique les exercices spirituels nécessaires. Tout dépend de sa bonne volonté. C’est pourquoi l’auteur dit que si nous voulons vraiment connaître la Divinité, c’est à dire la Paix, il faut commencer par faire l’expérience intime. La psychosophie, en tant que fondement de l’expérience personnelle, n’est pas dogmatique ; comme dans le Bouddhisme la seule autorité repose sur l’expérience personnelle.

La technique spirituelle que conseille la psychosophie s’apparente quelque peu au Bouddhisme, comme l’indique l’auteur lorsqu’il énonce que l’aspirant est pleinement établi dans la conscience unitive lorsque les manifestations primitives lui deviennent évidentes, qu’il est prêt au dernier saut, lequel devra se faire dans le Vide, sans l’aide d’un Dieu personnel. Cette connaissance est irréductible à la méthode scientifique, car on ne peut lui appliquer les catégories spatio-temporelles. Aussi l’auteur ne veut pas que l’on croit à sa vision de la Réalité, mais qu’on la vérifie. « Je ne parle pas pour ceux qui veulent continuer á vivre une réalité abstraite, mais pour ceux qui veulent mieux comprendre la Réalité dans laquelle l’être humain vit.» Il serait vain d’affirmer quoi que ce soit de la Pure Conscience, car rien ne peut décrire l’Absolu. C’est en fait d’évidence, et pour adapter l’esprit à ce niveau, il faut, outre une vie retirée, la direction d’un maître, de préférence bouddhiste zen.

Il n’est pas de l’intérêt de la psychosophie de raconter les merveilles issues de la véritable connaissance, mais d’amener à en faire l’expérience. L’une des vois est le control des rêves; cela exige une étroite vigilance, ainsi qu’une vie retirée loin des stimuli étrangers engendrés par les mégalopoles qui « distraient » et ôtent toute « vigilance » : « La jungle moderne ne se prête guère à ce type d’exercices spirituels. »

Pour pouvoir se submerger dans notre monde intérieur, il nous faut cesser de nager à la surface de nos représentations externes. L’esprit peut descendre naturellement, sans effort, au plan de perception directe. Evidemment, nous dit l’auteur, « cette opération n’est pas si simple ».

Des belles pages son consacrées à Platon. A propos de Mircea Eliade, cité et approuvé à des nombreuses reprises, l’auteur écrit : « Il est un de ceux, peut nombreux à notre époque, qui se soit appliqué à étudier les religions avec le désir sincère d’y découvrir des vérités et non des nouveautés, et avec le respect qu’elles méritent. » A propos d’Eliade, que j’ai personnellement connu, je dirais que certains connaisseurs de religions et de mythologies, n’ayant pas atteint l’expérience mystique ont, néanmoins, fortement éclairé des modes de vie religieux pour le plus grand bénéfice de leurs lecteurs. Le lecteur est, peut être, l’un d’entre eux. Ce qui n’est pas le cas de ceux qui, dépourvus de respect face aux traditions mystiques et, par-là même, ignorant la réalité spirituelle de l’être humain, ont osé émettre des opinions sur la réalité religieuse. Aussi l’auteur écrit-il : « La seule preuve indubitable de l’existence de l’Essence (ou si l’on préfère, d’un Dieu présent et Un), est intransmissible. L’Essence est, non seulement impersonnelle, est plus que personnelle, elle ne peut même pas se dévoiler au discernement de qui fait l’expérience. Dieu ne peut être prouvé et vérifié qu’à partir de sa propre perspective.»

Pour permettre au lecteur de comprendre les différents plans de l’esprit, l’auteur a esquissé divers schémas, en précisant qu’il ne s’agit pas de plans géométriques mais d’états d’âme. Nous rencontrons ici la difficulté dont parlait Bergson, opposant la fluidité des états de l’âme à la rigidité des représentations spatiales. Ozan Lavoisier dessine d’abord le passage de la conscience individuelle à la conscience unifiée, en passant par la conscience altruiste ou conscience unitive latente. D’autres schémas illustrent le cheminement de l’esprit vers son unification à partir d’autres points de vue. Puisque ces facultés doivent atteindre la conscience unitive, siège de la conscience esthétique, morale et religieuse, chacune d’entre elles permet une voie de connaissance différente. Ces schémas n’ont qu’une valeur relative. L’auteur écrit : « L’homme moderne, assis sur sa perspective égocentrique, absorbé par le monde extérieur, peut à peine écouter sa conscience.»

Dans la Seconde Partie l’auteur met en rapport psychosophie et psychologie. Il commente alors trois psychologues illustres qui se sont aventurés dans le domaine religieux. L’expérience spirituelle exposée dans la Première Partie de l’essai, permet une critique, à mon sens, fort nouvelle ; la Seconde Partie pose ainsi un jalon dans l’histoire critique de la psychanalyse et deviendra sans doute un texte classique.

L’auteur insiste sur la nécessaire purification morale, préalable à toute vraie connaissance. Pour voir disparaître la dualité sujet-objet, il faut éliminer le premier terme, ce qui implique que l’on ait suivi une voie rigoureuse de purification et que l’on ait atteint une réalité transcendante, laquelle fait déjà partie du domaine sacré. C’est dire que pour arriver à Dieu il faut avoir vécu une expérience religieuse que l’on ne peut induire, comme on ne peut induire aucune expérience personnelle.

En faisant de l’expérience religieuse un synonyme de religion, Julio paraît oublier, par moments, que le phénomène religieux peut aussi être entendu comme un phénomène qui affecte le plan social, même en admettant l’irréductibilité du religieux à d’autres plans. Mais l’oubli est seulement circonstanciel, à peine l’occasion lui est donnée, il rétablit le lien entre les deux réalités.

Toutefois, ce possible oubli ne diminue en rien le message essentiel de la psychosophie, qui, les bras ouverts, comme ce prologue, s’offre au lecteur, telle une nouvelle manière de voir le monde.

Juan Adolfo Vazquez, Pittsburg, 1999.

J. A. Vazquez est professeur émérite de l’Université de Pittsburgh, P.A., USA.

psychosophie

SOMMAIRE

PREMIERE PARTIE

  • Chapitre I : Circonstances générales
  • Chapitre II : Antécédents occidentaux
  • Chapitre III : Antécédents orientaux
  • Chapitre IV : Le conscient, ce mal nommé
  • Chapitre V : Un esprit mutable pur une réalité mutable
  • Chapitre VI : Un schéma de la psyché
  • Chapitre VII : Conscient et inconscient : un cercle vicieux
  • Chapitre VIII : La voie des intuitions
  • Chapitre IX : La voie des sentiments
  • Chapitre X : La voie du vécu
  • Chapitre XI : La voie esthétique
  • Chapitre XII : La voie éthique
  • Chapitre XIII : La voie religieuse
  • Chapitre XIV : De quelques supports nécessaires
  • Chapitre XV : La perspective essentielle
  • Chapitre XVI : Le cycle de la vie
  • Chapitre XVII : Conscience unitive et unifiée
  • Chapitre XVIII : Mémoires cumulative et unitive
  • Chapitre XIX : Du control des rêves
  • Chapitre XX : Antécédents d’une voie unitive de connaissance
  • Chapitre XXI : La raison de la déraison du mythe
  • Chapitre XXII : Mythe, réminiscence et mystique
  • Chapitre XXIII : Le problème actuel

SECONDE PARTIE. PSYCHOSOPHIE ET PSYCHOLOGIE

  • Chapitre I : Psychosophie et psychologie
  • Chapitre II : Sciences et transcendance
  • Chapitre III : Sciences et transcendance (suite)
  • Chapitre IV : Les religions et le plan interne
  • Chapitre V : La première invasion : Freud
  • Chapitre VI : Freud et Moïse
  • Chapitre VII : Initiations et connaissance
  • Chapitre VIII : Prémisses de méthode
  • Chapitre IX : Seconde invasion : Jung, un être ambigu
  • Chapitre X : La formule alchimique : Bien = Mal
  • Chapitre XI : Les archétypes, un déterminisme psychologique
  • Chapitre XII : Jung et Job
  • Chapitre XIII : La « Religion » de Jung
  • Chapitre XIV : Le Soi
  • Chapitre XV : Jung et le Christianisme
  • Chapitre XVI : Jung et l’Orient
  • Chapitre XVII : Mémoire unitive et inconscient collectif
  • Chapitre XVIII : Jung, philosophe
  • Chapitre IXX : Psychanalyse et Bouddhisme Zen
  • Chapitre XX : Connaissance et action de l’homme unitif
  • Epilogue : Maximes et Paradoxes

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